E.E.A.P DECANIS des Voisins

Kevivox pour rompre le silence
23 Octobre 2018

Ils misent sur Kevivox pour rompre le silence

Image presse : Présentation tablette à une petite fille
18 dessins ou photos permettent de déclencher la prononciation de petites phrases comme "j'ai soif".
Photo de Georges ROBERT.

Offrir une voix à ceux qui ne peuvent s'exprimer. Au sens propre. Voilà le rôle de Kevivox, une application gratuite qui a fait son apparition sur quatre tablettes tactiles de l'E.E.A.P. (Établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés) Decanis de Voisins (12ème) la semaine dernière. Rayan, Aaliyah, Nhat, Huy, Sofia, Deborah et Yasser ont ainsi pu découvrir ces smileys et icones qui doivent pouvoir leur permettre de décrire leurs souhaits et besoins. On touche le verre d'eau et la tablette dit "j'ai soif' , sur le lit et on entend "j'ai sommeil" . Au total, 18 dessins ou photos permettent de déclencher de petites phrases et d'interpeller un aidant à distance, d'attirer l'attention, d'échanger. Plus autonome, son utilisateur est aussi rassuré par la voix, qui est personnalisable.

"Mettre cette technologie au service des enfants est très noble."
Jean-Luc Morey.

Imaginée par Christine Denis pour Kevin, son fils autiste et atteint de leucodystronie, conçue avec l'ingénieur François Boland, elle a été distribuée à environ deux cents reprises en un an et demi. "Et une centaine d'établissements sont en attente" précise Christine Denis, qui n'a pas ménagé ses efforts pour faire connaître cet outil, avant que les gens ne viennent spontanément à elle. "Kevin se mutilait tant il était frustré de ne pas avoir la parole, il a longtemps été mis à l'écart, tout ce qui existait pour communiquer ne fonctionnait pas et avec cette application, on a réussi à commencer le sevrage neuroleptique", retrace-t-elle. Ravie de ces progrès, elle a généreusement choisi d'en faire bénéficier d'autres personnes ayant du mal à communiquer, quelle que soit la pathologie, "après un AVC par exemple". Au point d'aller dénicher un mécène, Lucenacense, afin de financer l'application mais aussi les tablettes pour ceux qui ne pourraient les acheter.

Ce n’est pas le cas de l’E.E.A.P Decanis de Voisins, qui a fait le choix d’investir une fois sensibilisé à Kevivox par son orthophoniste, Emmanuelle Rioufol. Après avoir découvert l'appli dans un autre établissement, cette dernière y a vu "un outil de communication mais aussi d'apprentissage du langage et d'évaluation". Des professionnels (ergothérapeute, psychologue, orthophoniste, éducateurs) vont d'abord être formés à son utilisation pour pouvoir démarrer l'expérimentation avec un groupe test de 7 enfants (sur 42 accueillis), afin de voir si Kevivox est adapté à leurs besoins. Car il faut encore que ces derniers parviennent à prendre la tablette en main, soient capables de désigner ce qu'ils souhaitent faire entendre et s'approprient cet outil. L'objectif étant qu' à terme, chacun puisse disposer d'une tablette personnelle à temps plein, dans l'établissement comme chez lui.

Remerciant Christine Denis "pour ces travaux qui nous permettent d'avancer sur ce thème de la communication", le directeur de l'E.EA.P., Jean-Luc Morey s'est dit "à disposition pour toute forme d'essai, de recherche, sur ce qui peut être adapté" avant de ·conclure :

"Mettre cette technologie au service des enfants est très noble, c'est un geste technique, professionnel et humain." Si l'expérience est concluante, d'autres tablettes suivront.

Article de Mme Audrey Savournin paru dans La Provence
Pour contacter Mme Savournin : asavournin@laprovence-presse.fr

 

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